[Écritures hétérogènes, BABEL n° 3, Presses universitaires de Toulon,1999. Relu et corrigé : 2003.]
On envisage couramment la spécificité du langage poétique sous l’angle d’une prise de parole émise par une instance, qu’à la suite des travaux de Käte Hamburger[1], on désigne comme celle du « Je » lyrique, ce qu’Aragon reformulait en 1963 de la façon suivante :
[…] pour ce qui concerne ma poésie, […] il n’y a pas d’erreur lorsque les gens la considèrent (comme ils font toutes les poésies) du point de vue du « je » ou du « moi », sachant bien que c’est moi qui parle, et ils ne prêtent à personne des paroles qui sont bien mes paroles […] Or, dans ma poésie, il y a au moins un autre personnage, celui auquel on s’adresse[2].